- Camille Giraudo
Week-end à Beijing

Nihao wo de pengyou!
Il est des avantages certains à vivre au sein de l’Empire du Milieu (Zhong
Guo) : Le fait de pouvoir décider à la dernière minute de passer un
week-end prolongé à Pékin en est incontestablement un ! une ville dont nos
imaginaires ont tous rêvé, symbole d’un pays fascinant et d’une civilisation
plusieurs fois millénaire.
Un voyage à Pékin, la capitale administrative et culturelle de la République
populaire de Chine . Beijing littéralement « la capitale du nord » était
pour le miens celle ou j’allais me perdre faute de parler assez bien le
mandarin, celle ou j’allais déambuler dans les ruelles et aller à la
découverte des trésors laissés par des siècles de vie impériale, des images
de chars place Tian’an men, des gardes rouges, des drapeaux et des portraits
de Mao Zedong.
Nous l’avons mérité ! Passé une nuit de train en « couchette dure » en
compagnie d’individus aux ronflements proches de ceux du grizzli, les
toilettes à la chinoise et l’odeur de la soupe et du ravioli au réveil…Les
freins crissent. Soleil et grand froid à la gare de Pékin, haut-parleurs
puissants dont sortent des idéogrammes inconnus, visages, architecture. Nous
sommes ailleurs.
Ce qui me frappe d’abord est la taille des infrastructures routières ! En
pleine ville les artères principales ont 8 voies ! On me dit que l’on y
attend près de 20 millions d’automobiles en 2008 . La mégapole est quadrillée
de grandes avenues, encerclée de plusieurs périphériques concentriques,
drainée d’autoroutes, un cauchemar urbain en perspective…déjà bien réel à
l’heure de sortie des bureaux. Pauvres stagiaires. Pour les J.O. la
municipalité a décidé de bâtir une Beijing moderne : quartiers anciens et
maisons traditionnelles rayées de la carte à coup de bulldozers, mais aussi
tours de verre ultramodernes, résidences confortables, malls à l’américaine,
infrastructures sportives, métro…on sent tout autour que la métamorphose bat
son plein. Et pourtant.
Il n’est pas difficile d’aller à la rencontre du Pékin tradi. Choisir un
quartier, s’éloigner de la grande artère, suivre son instinct et les odeurs
de graillon, repérer les cerf-volants, les toits recourbés grisâtres, les
façades aveugles et les vieilles briques commencent à surgir. Une rue
poussiéreuse de taille moyenne, plantée d’arbres des deux côtés et
grouillante aux abords des échoppes de toutes sortes, la vapeur des
rice-cookers et le vert tendre des oignons fanes, de sourires de visages
rougis par le froid, des bébés les fesses à l’air, ce sont les Hutongs.
Ca me plait d’aller à la rencontre de cette population : un sourire
malicieux est tout ce qui est nécessaire pour entrer en contact. Evidemment
la conversation n’entre pas encore très variée mais ils sont très curieux et
accueillants. Non, le chinois n’est pas austère !
Soudain une image très forte : une dame se promène avec son chien :
incroyable ! C’est un pékinois !

Le centre de Beijing est historique : la vie chinoise a été focalisée sur
ce centre névralgique pendant des siècles. Le concept d’une fonction
médiatrice entre le monde des hommes et celui des puissances cosmiques
implique cette focalisation sur l’habitat du prince : le carré même que
forment ses pieds joints sous l’auréole ronde de sa tête qui le relie au
Ciel, puis le palais qu’il habite, la muraille qui le protège, la ville qui
l’entoure, le pays divisé en neuf régions formant carré qui fournit sa
richesse. C’est à partir de ces éléments que l’on réalise toute la grandeur
de ce que l’on visite. Beijing est spirituelle, ne vous en déplaise.
Nous passons par la Cité interdite, le Palais d’été, le Temple du
Ciel, autant de merveilles à découvrir : des parcs immenses plantés d’arbres
plusieurs fois centenaires, de belles couleurs. Nous pouvons apprendre les
rituels impériaux, la vie des concubines et visiter leurs lieux de vie,
rencontrer des dizaines de trônes. Je suis impressionné par la taille
gigantesque des temples qui se succèdent comme si de rien était, le silence
et la solennité des lieux, on se sent au centre du monde effectivement.
Le troisième jour nous allons passer une journée sur la Grande Muraille,
un rêve d’enfance ! La Grande Muraille !
A bientôt j'espère,
Camille
